Une délégation de l’ONG Fern et du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH) a sensibilisé les petits producteurs et les parties prenantes de la filière cacao aux nouvelles normes du Règlement de l’Union européenne (UE) sur les produits exempts de déforestation (RDUE), qui entrera en vigueur en décembre 2025.
Cette sensibilisation s’est déroulée le 15 novembre à Ouesso, dans le département de la Sangha, lors d’un « Cacao Drinks », organisé dans le cadre d’une mission visant à promouvoir une filière cacao durable, respectueuse de l’environnement tout en soutenant les communautés locales.
Lors de l’atelier, représentante de l’ONG Fern, Tyala Ifwanga, a expliqué que le règlement européen interdit l’importation de produits liés à la déforestation, comme le cacao, le soja, le bois, l’huile de palme, etc. Elle a précisé que ce texte impose aux entreprises de prouver la traçabilité et la légalité de leurs produits.
« Ce texte s’applique à tous les pays ayant des forêts tropicales, mais également aux pays européens acheteurs », a déclaré Tyala Ifwanga, ajoutant que le règlement concerne sept matières premières, dont le cacao, dont la culture est essentielle pour les économies de pays producteurs comme le Congo.
Le règlement exige que les entreprises prouvent que leurs produits ne sont ni issus de déforestation, ni de dégradation, ni illégaux, via un processus de « diligence raisonnée » et de contrôles renforcés.
« La volonté de ce texte n’est pas d’empêcher le développement de l’agriculture, qui est essentielle pour la consommation locale, pour les petits producteurs et pour les communautés du monde entier, mais de réduire l’impact sur l’environnement », a précisé Tyala. Ifwanga.
Suite à cette présentation, M. Jean-Pierre Ebam, producteur de cacao à Pokola, a souligné l’importance de la protection de l’environnement, tout en appelant à des mesures d’accompagnement adaptées aux réalités locales.
Bien qu’il soutienne les initiatives environnementales, il a exprimé des préoccupations quant aux conséquences de certaines législations, telles que l’interdiction de la déforestation pour l’extension des cultures.
« Dans notre région, l’agriculture repose largement sur les forêts secondaires, notamment pour la culture du cacao. Si ces lois sont appliquées strictement, elles risquent de limiter les possibilités d’exploitation, ce qui affecterait non seulement le cacao, mais aussi les cultures vivrières comme la banane et le manioc », a dit M. Ebam.
Il a donc plaidé pour une approche plus nuancée, tenant compte des spécificités locales, et préconisé la mise en place de mesures d’accompagnement pour permettre aux producteurs de concilier la protection de l’environnement et les besoins agricoles.
Présentant une note d’analyse sur les impacts de l’agriculture industrielle sur les terres boisées du Congo, M. Phons Ntoumbou, chef de projet au FGDH, a souligné que le Congo, riche en forêts, savanes et tourbières, possède un potentiel agricole considérable. Toutefois, il a insisté sur la nécessité de concilier développement agricole et préservation des écosystèmes.
Il a également appelé à une collaboration entre le gouvernement, les entreprises et la société civile pour mettre en place des politiques équilibrées, respectant à la fois la durabilité environnementale et la croissance du secteur agricole.
Cet atelier, qui s’est déroulé en présence du chef de cabinet du préfet de la Sangha, Armand Ngakegni et du président du FGDH, Maixent Fortunin Agnimbat Emeka, s’inscrit dans le cadre du projet « Global Civil Society Implementation of EUDR » (Mise en œuvre de l’EUDR par la société civile mondiale), financé par la Fondation Montpellier.